MARINE LE PEN, PRESENTE, ELLE AUSSI, DE GRANDES LACUNES EN ECONOMIE
Avant-hier soir, dans l’émission Mots Croisés présentée par Yves Calvi (08/01/07), Marine Le Pen (FN) s’est exprimée en faveur d’une hausse des quotas sur les produits importés qui menaceraient notre tissu industriel. Ses propos parfaitement illégitimes, n’ont pourtant ému aucun des débatteurs présents sur le plateau !
Mme Le Pen s’est prêtée à un petit jeu parfaitement orchestré et conçu pour frapper les esprits : Elle se jette sous la table et remonte son sac à main, dans lequel elle plonge pour en ressortir tout un tas d’objets. D’une main elle brandit une tenaille qu’elle nous apprend avoir payé 1 € et qui aurait été fabriquée en Chine, dans l’autre elle tient un produit analogue, mais de production française cette fois, qu’elle aurait payé 14,50 €.
L’image est forte, les propos qui suivent également : Elle nous explique en effet qu’il est parfaitement impossible pour un industriel français de concurrencer son homologue chinois et donc que notre tissu industriel est voué à disparaître ! A moins que…
A moins que l’on taxe ces importations chinoises afin d’amener leur prix au niveau de ceux pratiqués par les producteurs français ! L’idée peut paraître séduisante, à première vue, et l’image choc aura probablement suffit à convaincre certains des téléspectateurs.
Pourtant un minimum de connaissance de l’économie traduit l’ineptie du propos.
En effet, Marine Le Pen oublie de rappeler que le fait que des consommateurs achètent ces produits importés (tenailles chinoises dans l’exemple, mais le panier est bien plus vaste) pèse favorablement sur leur pouvoir d’achat. Cette consommation extranationale permet en effet de reporter la part du revenu épargné sur des produits non importables, comme par exemple l’ensemble des services de proximité. En d’autres termes l’argent économisé sur l’achat d’une tenaille française à 14,50 € peut permettre d’aller plus souvent au restaurant, au cinéma, de payer notre abonnement Internet ou de téléphone portable…
En outre, notons que si l’on décide de réduire nos importations grâce à des quotas, il est probable que nos partenaires économiques fassent de même avec nos propres exportations. Gardons alors à l’esprit que l’achat de 800 millions de chemises chinoises équivaut à la vente d’un unique Airbus A380. Et rappelons-nous de l’agacement et des menaces chinoises suite aux réticences européennes quant au démantèlement des accords multifibres en janvier 2005 ! (voir ici concernant une explication desdits accords).
Bref, croire que notre pouvoir d’achat augmentera si on fait le choix de l’autarcie, c’est affirmer que l’ensemble des théories économiques du commerce international nous trompent depuis Ricardo !
Il nous faut, probablement au contraire, accepter que certaines industries disparaissent face à une concurrence internationale, et ce même si certains y perdent leur emploi, si en contrepartie 60 millions de Français bénéficient d’une hausse de leur pouvoir d’achat.
Le défit qui se présente au futur gouvernement n’est donc pas de soustraire
Etrangement, les candidats à la présidentielle ne s’expriment pas sur ce type de question…