QUE LES CANDIDATS ARRETENT DE NOUS FAIRE PEUR AVEC LA DETTE PUBLIQUE !
Un des sujets qui revient le plus pendant cette campagne électorale est celui de la dette publique française. Tous les candidats, ou presque, s’engagent à la réduire. Ils sont même parvenus à convaincre les Français de cette nécessité.
Pourtant une petite mise au point s’impose car, une fois de plus, il ne faut pas croire aveuglément ce qu’on nous dit. Les candidat ont enfin un trouvé un sujet d’économie qu’ils pensent maîtriser, un sujet simple qui a un fort pouvoir sur les esprits, alors ils en profitent et n’hésitent pas à nous raconter n’importe quoi.
Sans contradicteur c’est plutôt facile...
Luttons contre quelques idées reçues :
- L’Etat ne brûle pas l’argent qu’il emprunte : la dette, ce n’est pas uniquement du passif
Au bilan comptable d’une entreprise apparaissent, certes les dépenses et les emprunts, mais également l’actif. Quand on parle de l’Etat, non ! Or, lorsque l’Etat dépense 1 million d’euros pour construire une crèche, il est également propriétaire d’un bien matériel. Bien qui peut même prendre de la valeur à long terme. Parler uniquement de dette dans l’absolu est donc inepte si on ne s’intéresse pas à ce que l’emprunt permet d’acquérir.
Par ailleurs, beaucoup de dépenses sont des investissements aux bénéfices intangibles (notamment externalités positives). Par exemple, environ la moitié de la dette sert à payer des fonctionnaires, or encore la moitié d’entre eux sont des membres de l’éducation nationale. Chaque centime dépensé dans ce contexte a des effets positifs sur de nombreuses années.
- Il faut gérer l’argent d’un pays comme le ferait un bon père de famille
Une autre idée largement répandue, est qu’il faudrait gérer l’argent de l’Etat comme le ferait un ménage ou une entreprise. C’est parfaitement faux puisqu’un Etat n’a pas de date ultime avant laquelle il lui faut rembourser tous ses emprunts. Un pays peut vivre durablement avec une dette importante sans que cela ne remette fondamentalement en cause sa pérennité car il n’accroît pas son insolvabilité. En effet, contrairement à un ménage ou une entreprise à qui l’on prête à condition qu’ils remboursent à échéance précise, l’Etat s’endette sur du très long terme (renouvelable).
- La dette est colossale, voire insoutenable, la France va faire faillite
Aujourd’hui la France est endettée à hauteur de 65 % de son PIB, cela signifie-t-il qu’à terme elle risque de faire faillite. Si c’était le cas, le Japon aurait fait faillite depuis bien longtemps car son endettement est d’environ 160 % de son PIB. Quant aux USA avec une dette globale de 63% du PIB, ils nous suivraient bientôt dans le marasme. Autant dire que toutes les économies avancées seraient vouées à une faillite catastrophique à moyen terme.
Certains prennent souvent l’exemple de la crise Argentine pour effrayer les masses. Ils oublient simplement de rappeler qu’il ne s’agissait pas d’une crise budgétaire, mais d’une crise monétaire due à la volonté du gouvernement de maintenir à tout prix la parité de la monnaie dans un contexte de currency board (1 dollar pour 1 peso). Rien avoir avec la situation française...
- On sous-estime la dette en France
Dernièrement encore, j’entendais Thierry Breton nous expliquer que notre dette de 1.200 milliards d’euros devait être revue à la hausse en raison des retraites des travailleurs actuels. Le principe même du système de retraites par répartition, implique que les travailleurs d’aujourd’hui payent les retraites des actuels retraités. Aussi, majorer la dette actuelle par les revenus des futurs retraités est-il parfaitement aberrant puisqu’on ne paye pas d’intérêt aujourd’hui sur un futur hypothétique emprunt.
- On laisse un fardeau énorme aux générations futures
La dette est en grande partie composée de dépenses qui sont faites aujourd’hui mais dont les générations futures profiteront autant, ou plus, que les générations actuelles : infrastructures (logements, hôpitaux, écoles…), investissements (éducation, santé, R&D…), etc. Dire qu’on laisse un fardeau aux générations futures n’a pas de sens, puisqu’on leur laisse également un actif considérable.
En conclusion, on attire notre attention sur un faux problème. La question n’est pas de savoir si la dette est trop importante (elle ne l’est pas), mais de savoir si l’argent dépensé l’est de manière efficace (voire efficiente).
Les politiques devraient nous expliquer comment ils comptent maximiser l’utilisation de l’argent emprunté, mais sans doute est-ce trop compliqué…pour nous ou pour eux ?