POLITIQUE : IMPOSONS LA CULTURE DU RESULTAT !
J’ai été récemment très surpris par les résultats d’un sondage IFOP sur l’évolution de l’insécurité et de la délinquance ces dernières années.
Voici, en bref, ce qu’il nous apprenait :
Pour 45% des Français l’insécurité s’est plutôt aggravée au cours des cinq dernières années. Pour 40% d’entre eux la situation n’a pas changée et pour 15% elle s’est plutôt améliorée.
Sur la même période (2002-2007), les relations entre la police et les Français se sont plutôt dégradées pour 52% des sondés, tandis qu’ils sont seulement 16% à juger qu’elles se sont plutôt améliorées.
Enfin à la question « à qui faites-vous le plus confiance pour garantir la sécurité des personnes et des biens ? », les réponses se partagent ainsi :
Le dernier bulletin de l’Observatoire National de la Délinquance (version complète ici) nous apprend que :
- Par rapport à 2005, le nombre d’atteintes aux biens enregistrées en 2006 est en baisse de 3,8% (soit - 99 474 faits constatés), les atteintes volontaires à l’intégrité physique sont en hausse de 5,6% (soit + 22 833 faits constatés) et les escroqueries et infractions économiques et financières augmentent de 4,8% (soit + 15 384 faits constatés).
- Après des hausses annuelles de 3,8% en 2000 et de 8,6% en 2001, plus de 3 millions de faits d’atteintes aux biens avaient été constatés en 2001 puis en 2002. Depuis 2003, ce nombre est en baisse régulière : en 4 ans, il a diminué de 17,2% ce qui correspond à près de 525 000 faits constatés de moins.
- Depuis 1996, le nombre de faits constatés d’atteintes volontaires à l’intégrité physique augmente chaque année. Il est passé de 228 000 en 1996 à 381 000 en 2002, soit + 67% en 10 ans. Il s’est stabilisé à environ 390 000 faits constatés en 2003 et 2004 avant de connaître deux augmentations annuelles d’au moins 5% en 2005 et 2006.
- Les escroqueries et infractions économiques et financières ont connu une très forte hausse en 2000 (+ 19,1%). En 2001, plus de 366 000 de ces infractions avaient été enregistrées. Ce nombre s’était alors inscrit en baisse continue jusqu’en 2005, où il se situait à moins de 319 000, soit - 13% en 4 ans. En 2006, les faits constatés sont de nouveau en hausse.
Enfin, le nombre de plaintes déposées à la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) a grimpé de 30% en 2006.
Attention toutefois à une mauvaise interprétation de ce dernier chiffre puisque la CNDS n’a été créée qu’en 2000 (son activité a véritablement commencé en janvier 2001) et il est donc probable qu’au fur et à mesure que sa notoriété augmente, le nombre de plaintes qui lui sont déposées augmente également.
Attention toutefois à une mauvaise interprétation de ce dernier chiffre puisque la CNDS n’a été créée qu’en 2000 (son activité a véritablement commencé en janvier 2001) et il est donc probable qu’au fur et à mesure que sa notoriété augmente, le nombre de plaintes qui lui sont déposées augmente également.
Ces chiffres officiels nous montrent que dans le meilleur des cas, la politique du ministère de l’intérieur ces dernières années a été peu efficace puisque si les atteintes aux biens ont diminué, les atteintes aux personnes (sensiblement plus graves et plus traumatisantes) ont, quant à elles, beaucoup augmenté. Et c’est également le cas pour les infractions et escroqueries économiques et financières.
Pourtant, malgré ses résultats, les Français font bien plus confiance à l’ancien ministre de l’intérieur qu’à n’importe quel autre candidat pour résoudre ces problèmes d’insécurité. Comment l’expliquer ?
Sans doute considèrent-ils que sans M. Sarkozy sur cette période, la situation aurait été largement pire et qu’aucune politique alternative n’aurait pu donner de meilleurs résultats. En d’autres termes, les politiques sont relativement impuissants face à une délinquance qui ne peut qu’augmenter. Ne pouvant l’empêcher, il faudrait donc choisir le candidat le plus à même de limiter cette augmentation.
D'autant que beaucoup d’études empiriques montrent le contraire. Rudolf Giuliani a par exemple prouvé qu’il était possible de fortement faire baisser le niveau de délinquance (en utilisant des méthodes controversées) à New York dont il fut maire entre 1994 et 2001.
A travers cet exemple de la délinquance nous avons mis en relief un phénomène plus général et peut-être plus inquiétant : le manque de culture du résultat que l'on remarque chez les Français. Non pas parce qu'ils ont la mémoire qui flanche mais plutôt parce que, pour eux, la politique est globalement impuissante face à leurs problématiques communes .
Or, on se trouve ainsi enfermé dans un véritable cercle vicieux : puisque peu d'exigence pèse sur les hommes et femmes au pouvoir, ils ne se sentent pas contraints de faire leurs preuves pour durer. Ceci explique probablement, par ailleurs, le très faible taux de renouvellement des classes politiques en France.
Aussi, pour obtenir des résultats, est-il indispensable que nous en exigions !