UN AUTRE POINT DE VUE SUR LE LIBERALISME

Publié le par Ego

« Je suis convaincu que le libéralisme est voué au même échec que le communisme et qu'il conduira aux mêmes excès. L'un comme l'autre sont des perversions de la pensée humaine ».
- Jacques Chirac, confession faite à Pierre Péan - 
 
Ces propos de notre cher président traduisent bien l’image désastreuse qu’ont les Français du libéralisme. Nous ne parvenons pas à dissocier la pensée libérale du domaine économique, pire, nous la présentons comme une doctrine plaçant l’argent au dessus de toute chose, l’Homme y compris. Une idéologie sur mesure pour les riches et les puissants, qui prône l’écrasement des faibles et accroît les inégalités.
 
Récemment j’ai obtenu du Président du Parti Libéral du Tchad, l’autorisation de reprendre sur mon site, un article qu’il a écrit en 2006. Ce qui m’inspire à sa lecture est que nous, Français, sommes des enfants gâtés de la liberté, tellement gâtés que nous ne prenons pas la peine de comprendre toute la dimension philosophique qui se cache derrière le terme de libéralisme et en oublions ses apports considérables pour notre société
 
 
Le libéralisme?

Sait-on vraiment ce qu’est le libéralisme? Voilà une question qui mérite d’être posée, en ces temps où au Tchad des millions de nos compatriotes sont devenus des moins que rien ou de véritables laissés pour compte, être libéral, c’est presque la solution attendue. Les citoyens pensent que l’ensemble du pays doit devenir libéral, voire “ultra-libéral”, mais qu’est ce donc que le libéralisme ? Est-ce une idéologie faite sur mesure pour les riches et les puissants ? C’est à ces questions que je vais tenter de répondre le plus clairement possible.
Pour faire court, le libéralisme est un courant de pensée, ou un ensemble de courants de pensée visant à faire reconnaître la primauté de l'individu.
On définit souvent le libéralisme par ces quelques principes, que l’on retrouve dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen :
• l’égalité en droit;
• la liberté individuelle et la responsabilité qui en découle;
• la propriété privée ;
• le droit de résistance à l’oppression;
• la recherche du bonheur et la sûreté.
On pourra alors parler de libéralisme moral: C'est l'individu qui est le plus à même de choisir la voie de son bonheur. Je ne vais pas lui imposer mon opinion et chercher à faire son bonheur contre son gré. Le libéral sera donc par exemple contre une position rigide et prônera la plus grande liberté de choix possible pour chacun dans le respect des libertés des autres membres de la société.
Politiquement le libéralisme se retrouve dans la séparation des pouvoirs chères à Montesquieu: Diviser le pouvoir pour éviter qu'un individu ou un groupe d'individus puisse exercer son arbitraire sur la société toute entière. Ainsi la nomination par le président polonais de son frère au poste de premier ministre inquiète les libéraux de tout bord qui voit les pouvoirs se concentrer en peu de main.
En dernier le libéralisme est économique. Cela consiste à reconnaître que chaque individu a le droit de profiter des fruits de son travail. "L'homme qui produit alors que d'autres disposent de ce qu'il produit est un esclave. Celui qui produit alors que l'Etat lui en prend la moitié, est un demi esclave." (Jacques de Guénin)
Alors oui le libéralisme est un humanisme car il part de l'homme et le place au coeur de toutes choses à la différence des "constructivismes" qui consistent à concevoir une société humaine comme s'il s'agissait d'une mécanique que l'on peut fabriquer à partir d'un plan. Cette ambition de modifier l'état de la société en agissant par la contrainte, en imposant à tous les individus des objectifs qui seraient ceux de « la société » (la croissance, la santé, la sécurité sociale etc.) relève finalement d'une prétention à l'omniscience. Le libéralisme au contraire dénonce l'absurdité de vouloir faire rentrer les comportements humains dans des équations mathématiques et défend la liberté individuelle face aux plans.

Le libéralisme est enfin une éthique de la responsabilité. Un individu libre de ses choix en est également responsable. Responsabilité qui est exigeante et peut effrayer. "Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent".
 
MIKA –L. YONDOLOUM Président du PLT
Parti Libéral du Tchad le 25.10.2006 à 06:35
 
 
 
M. Yondoloum m’a, en outre, demandé de préciser que son parti voulait faire la différence entre :
- Le libéralisme : Laisser le libre choix et l'entière responsabilité à toute personne d'être, de penser et de faire ce qu'elle veut et d'agir et se comporter comme elle le veut, de faire dans la plus grande tolérance tout ce qui lui plait, tout ce qui ne nuit pas fondamentalement à autrui et au bon fonctionnement global de la société, et en conséquence lui permettre de pouvoir exercer pleinement, intégralement et sans aucune restriction ni censure d'aucune sorte tous ses
droits fondamentaux et libertés individuelles et collectives. Le PLT est en désaccord avec le « forcing » des gouvernements africains, l’arbitraire et tous les abus et le despotisme maladif des dictatures africaines. Le PLT est donc pour favoriser la libre entreprise en garantissant la libre concurrence, la justice et la loyauté, mais en restreignant l'intervention de l'État
- Le capitalisme : Qui donnerait la primauté du capital sur le travail, le savoir, l'intelligence et la créativité, qui par définition empêche les moins forts, et les moins puissants ou fortunés d'exercer librement leurs choix. Le PLT désapprouve le fait de réduire à une peau de chagrin les obligations de quelques uns au dépend de tous les autres.
   
  

Publié dans Théories économiques

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L
@clic : parfaitement d'accord<br /> <br /> @Ego : "c'est un scandal !" ça me rappelle un leader communiste français des années 80 qui utilisait beaucoup cette expression ;-)<br /> Mais croyez vous vraiment qu'un pays totalement (totalitairement ?) libéral puisse exister dans l'économie mondialisée ? je ne le pense pas.
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E
@ clic, vous avez parfaitement raison, la non-libéralisation du facteur travail est pour moi un scandal !<br /> ego
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C
Je te suis complètement sur cette distinction capitalisme libéralisme.Mais tout de même, on peut observer qu'aujourd'hui, sous un discours "libéral" la libéralisation des capitaux est nettement plus défendue que la libération des mouvements des individus. Personne ne trouve étrange que la plupart des partis soutiennent à la fois une libéralisation marchande et ferment les frontières aux pays pauvres, avec des législations sur les étrangers vis-à-vis des quels le cynisme devient de plus en plus effrayant. Sans compter les législations qui limitent les mouvements des pauvres au sein de nos propres sociétés de manières diverses et variées. Aussi je peux comprendre que le libéralisme, si joli quand il apparait dans des dictatures comme une forme de libération, soit fermement critiqué tant il apparait en Europe comme une simple forme de justification des mouvements capitalistiques. Je ne crois donc pas qu'on soit juste des enfants gâtés, tant on pourrait multiplier les exemples de ce type, qui montrent que, quelque soit la beauté du libéralisme comme concept politique, il n'est bien souvent que la justification idéologique de différents processus de domination (mais bien sûr, il n'est pas que ça).
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E
@ laurange, ok<br /> @ Clément T, il est fréquent de dénoncer le libéralisme en le résumant à la loi de la nature, la critique se tient... Mais l'homme n'est pas un animal (cf Hobbes et la raison qui pousse l'homme à sortir de l'état de nature : le peur de la mort, propre de l'homme !)<br /> @ ...., très bien résumé !<br /> @ data, j'ai bien ri (c'était ironique ?) !<br /> <br /> Ego
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D
Voilà qu'il va falloir se justifier d'être contre le libéralisme, je reve !
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